Par le Traité de Fez (arabe : معاهدة فاس), signé le 30 mars 1912, le sultan Abd al-Hafid abandonne la souveraineté du Maroc à la France, faisant du pays un protectorat.
L'Allemagne qui avait des vues sur le Maroc, reconnaît les territoires français et espagnols au Maroc, recevant en échange des territoires du moyen Congo de l'Afrique équatoriale française. Cette terre connue sous le nom allemand de Neukamerun, fut rattachée à la colonie allemande du Cameroun, partie de l'Afrique occidentale allemande.
L'Espagne gagna également quelques territoires au nord du Maroc qui devint le Maroc espagnol. Par un accord signé entre la France et l'Espagne en novembre de cette même année, l'Espagne assurait un protectorat sur Tanger et le Rif, Ifni sur la côte atlantique dans le sud-ouest, aussi bien que sur la région de Tarfaya au sud de la rivière Draa, où le sultan restait nommément souverain et était représenté par un vice-régent à Sidi Ifni sous le contrôle d'une haute commission espagnole.
Des accords particuliers entre le Royaume-Uni, l'Italie et la France en 1904, établis sans consultation du sultan, avaient divisé le Maghreb en sphères d'influence, le Maroc passant dans la sphère de la France. Au Maroc, le jeune sultan Abd al-Aziz accéda au trône en 1894 à l'âge de 10 ans et les Européens devinrent les conseillers de sa Cour. Des chefs locaux devinrent de plus en plus indépendants du sultan, qui fut déposé en 1908. La loi et l'ordre marocain continuèrent de se détériorer sous le rêgne de son successeur Abd al-Hafid, qui abdiqua en faveur de son frère Youssef après avoir signé le traité de Fez.
Les 2 zones du protectorat espagnol étaient séparées par la baie d'Al-Hoceïma, que les Espagnols nomment Alhucemas. Le traité de Fez accordait la concession de l'exploitation des mines de fer du mont Uixan à la compagnie minière espagnole du Rif, à qui fut aussi accordée la permission de construire une voie ferrée pour relier ses mines à Melilla.
Le traité fut perçu comme une trahison par les nationalistes marocains et mena à la guerre du Rif (1919–26) entre les Espagnols et les tribus Jibala dont Abd el-Krim devint bientôt le leader et créa la courte République du Rif.
Protectorat français et espagnol au Maroc et Sahara Occidental
La guerre du Rif
La Guerre du Rif est une guerre coloniale qui opposa les tribus rifaines (le Rif est une chaîne de montagnes du nord du Maroc) aux armées française et espagnole, agissant en vertu des accords de protectorat passés avec le sultan du Maroc.
Les Rifains étaient dirigés par des chefs de républiques villageoises appelées aussi Amghar, le droit coutumier étant distinct du droit religieux.
Le 20 juillet 1921, l'armée espagnole vient mater des rebelles, mais elle est battue et c'est ainsi que le projet ambitieux de Abdelkrim El Khattabi connue sous le nom d'Abd el-Krim se lance. En effet, comment peut-on concevoir que d'humbles paysans montagnards, les Rifains, coupés comme ils le furent du grand corps marocain dont ils ne formaient d'ailleurs qu'une infime partie, aient pu mettre en danger la présence conjuguée de deux puissances européennes, l'Espagne et la France. Le général Sylvestre dispose alors d'une puissante armée forte de 60 000 soldats espagnols pour contrer les Beni Ouriaghel. En juin la presque totalité de cette armée trouve la mort dans la bataille d'Anoual. Face à ce désastre le général se suicide. Abdelkrim El Khattabi réunit les chefs tribaux et ils rejettent l'autorité royale marocaine par la création de la République confédérée des tribus du Rif le 1er février 1922. Abd-el Krim devient président de la république.
Une guerre suit contre les Espagnols, qui doivent se retirer sur la côte, et n'occupent plus en 1924 que Ceuta, Melilla, Asilah et Larache. La France intervient pour venir au secours des Espagnols, et éviter la contagion au Maroc. Des postes avancés sont installés par l'armée française, ce qui provoque l'affrontement avec les troupes rifaines, qui se font écraser par les troupes françaises lors de leur offensive vers Fès pendant l'hiver et le printemps de 1924.
Le général Lyautey obtient la victoire. Le commandant Naulin réussit à vaincre les Rifains.
À l'automne 1925, des négociations échouent à cause des exigences des nationalistes Rifains. Les troupes franco-espagnoles repoussent les Rifains.
Abd el-Krim est envoyé en exil à l'île de la Réunion d'où il s'évade 20 ans plus tard, vers l'Égypte, où il meurt en 1963.
Il est à noter qu'Abd el-Krim se plaint à la Société des Nations de l'utilisation par l'aviation française de bombes chimiques.