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.: Fête du Mawlid

Le Mawlid (on trouve parfois aussi mouloud, mouled ou maoulide) est une fête qui commémore la naissance du Prophète Mohamed.

Elle se célèbre à une date arbitraire, le 12 de Rabia al Awal, troisième mois de l'année musulmane. Cette fête est aujourd'hui célébrée par bon nombre de communautés musulmanes dans le monde, aussi bien sunnites que chiites.

 

Histoire


La célébration de la naissance du Prophète Mohamed n'était pas célébrée à son époque telle qu'on la connait aujourd'hui, ni par ses compagnons, ni par les musulmans des premiers siècles, bien que le Prophète jeunait le lundi en le justifiant comme étant le jour de sa naissance et de sa Prophétie. D'après les historiens Ibn Kathîr et Ibn Khallikan, elle fut officialisée vers 1207, par le roi d'Erbil, Moudhaffar ad-Din Gökburi.

Cependant, des traces d'une sorte de célébration existent dans la tradition chiite deux siècles plus tôt. La dynastie des Fatimides avait en effet pour habitude de célébrer 4 anniversaires : celui de Mohamed, d'Ali, de Fatima, et enfin du Calife au pouvoir. Les festivités se limitaient alors à des processions dans la cour du souverain, pendant la journée, ainsi qu'à trois sermons (khutbas) prononcés devant les fidèles et en présence du calife. La célébration de la naissance du Prophète (ainsi que les autres anniversaires alors célébrés), fut ensuite suspendue vers 1095. Selon l'historien Ali Ibn al-Athîr, cette abolition fut décrétée à l'accession au pouvoir du nouveau vizir Malik al-Afdal, régent du calife Al-Musta'li, car sa manière aurait été non conforme aux enseignements islamiques. L'historien du 12ème siècle Ibn al-Qalanisi le décrivait alors comme "un fervent croyant des doctrines de la Sunnah". A sa mort, son successeur le vizir Al-Ma’mûn Al-Batâ’ihî, lui même régent du calife Mansur al-Amir Bi-Ahkamillah, émet alors en 1123 un décret officiel pour distribuer des aumônes le jour du 13 de Rabia al Awal.

 

Légitimité de la célébration en Islam


Les théologiens musulmans légitimant cette fête sont majoritaire et appartiennent aux quatre écoles de jurisprudence islamique. On peut citer parmi les anciens Ibnou Hajar Al-`Asqalani, Sakhawi, As-Souyouti, ou encore Ahmad ibnou Zayni Dahlan Mufti de la Mecque au 18e siècée et qui rappela que "célébrer le Mawlid et se rappeler le Prophète est accepté par tous les théologiens des Musulmans".

D'un autre côté, la célébration de l'anniversaire de Mohamed est considérée par d'autres théologiens (aujourd'hui souvent affiliés au Salafisme) comme une innovation (Bid`ah) étrangère à l'Islam. Parmi les anciens théologiens condamnant cette innovation, Abu Ishaq al-Shatibi, Ibn Hadj, ou encore le juriste Malékite Tâjuddîn `Omar `Alî Al-Lakhmî d’Alexandrie, connu sous le nom d’Al-Fakahânî, dont l'épitre à ce sujet "Al-Mawrid fil-Kalâm `alâ Al-Mawlid" fut citée intégralement par As-Souyouti dans sa réplique.

 

Aujourd'hui


En Arabie saoudite, le ministère des affaires religieuses considère cette fête comme étrangère à l'Islam, bien que sa célébration ne soit pas interdite par les autorités.

Dans la plupart des états musulmans, le jour du Mawlid est cependant férié.

Au Maroc, cette fête a été officiellement introduite en 1292, par le sultan mérinide Abû Ya`qûb Yûsuf an-Nasr. Aujourd'hui, la fête du Mawlid y est un jour férié.

 

Le Roi Mohammed VI, à l’instar de ses ancêtres, préside une veillée religieuse à cette occasion où notables, officiels et invités étrangers sont agrémentés de chants religieux et de lecture du Coran.

Une fête religieuse de deux jours célébrée de bout en bout par une population à 99 pour cent musulmane, dans les grandes mosquées du pays tout comme dans les mausolées et les sièges des grandes confréries soufies (Tariqa)) comme les Tijaniya , les qadiriya et les Shadiliya.

Les cités impériales marocaines s’illustrent par la dimension festive qu’elles procurent à cette occasion. On ne lésine guère sur les soirées religieuses. Un élan de spiritualité multidimensionnel conforté par des chants à la gloire du « sceau des prophètes », des panégyriques et des psalmodies du Coran.

De grandes soirées religieuses sont organisées par les Confréries enracinées au Maroc. Des milliers de fidèles n’hésitent nullement à faire le déplacement et parcourir des centaines de kilomètres pour être de la fête au siège même de leur Tariqa.

La confrérie Qadiriya , entre autres, accueille chaque année, près de la ville de Berkane (est) environ 30.000 fidèles pour commémorer la naissance du prophète. Les adeptes viennent du Maroc et d’ailleurs (France, Etats-Unis, Pakistan, Egypte..).

Les panégyriques retracent, via des chants à différents rythmes, les innombrables vertus du Prophète, s’inspirants de recueils de poèmes largement répandus au Maroc depuis des siècles.

Côtés coutumes, la différence se fait sentir selon les régions. Une diversité qui en dit long sur « le syncrétisme culturel » caractérisant le Maroc, dont le référentiel religieux est une source de légitimation et un socle d’appartenance.

A la ville de Salé (près de Rabat), une semaine de procession de cierges est organisée depuis quatre siècles.

S’inspirant d’une tradition ottomane (turque), ces cortèges font vibrer toute la ville au rythme des chants religieux.

Les autres villes comme Fès (nord est), Marrakech (centre) ou encore la capitale Rabat font de cette célébration un grand carrefour spirituel.

 

Le roi Mohammed VI du Maroc a accordé des grâces partielles ou totales à 566 personnes à l'occasion du Mouloud.

Au total, 466 détenus seraient libérables immédiatement.

La prison à perpétuité a été commuée en prison à durée déterminée pour quatre autres détenus.

Les autres personnes graciées ont bénéficié de différentes mesures allégeant leur peine ou leurs amendes, selon la même source
On ignore si parmi les graciés figurent des prisonniers islamistes.

Le souverain marocain accorde régulièrement des grâces aux détenus à l'occasion des fêtes nationales et religieuses.

 

Bémol

 

malheureusement ces célébrations nous offrent parfois un spectacle assez indigne, comme on a pu le voir l'an dernier à Meknes, où lors de la manifestation des "aîssawa", des scènes dignes d'un autre âge ont eu lieu ; des animaux (chèvres, moutons), jetés vivant en pâture à la foule en transe et déchiquetés sur place à mains nues au milieu des musiques et des hurlements assourdissants. Des hommes, femmes de tous âges, habillés de blanc, se disputant des lambeaux de chairs, les portant à leur bouche, se couvrant de sang frais. Des comportements bestiaux qu'on ne devrait plus tolérer désormais au Maroc ( ou ailleurs...).