Contact
Tourisme
Pratique
Culture
Société
Histoire
.: Grammaire
Le genre des noms

Comme en français, il y a en arabe en général et en dialectal marocain en particulier deux genres, un masculin et un féminin.

 

- Sont du genre féminin, les noms indiquant un être de ce sexe :

el-oukht / la soeur
el-bent / la fille
el-hmât / la belle-mère
el-oumm / la mère
les noms qui indiquent une partie double du corps :
el-wdene / l'oreille
er-rjel / le pied
es-sâq / la jambe
el-yedd / la main
el-'îne / l'oeil
les noms que l'usage a fait de ce genre :
en-nâr / le feu
el-kerch / le ventre
el-blâd / le pays, le terrain
ech-chemch / le soleil
el-ard / la terre
ed-dâr / la maison
el-rîh / le vent
el-herb / la guerre
el-bâb / la porte
enfin, ce qui constitue la majorité du vocabulaire, les mots qui se terminent par un a , que l'on devrait écrire at, car en réalité, ces mots se terminent par at. Ce t est muet, mais réapparaît ailleurs :
et-teffaha / la pomme
el-mechya / la marche
es-smiyya / le nom
ez-zebda / le beurre
el-jerda / le jardin
el-kelma / la parole
el-kebda / le foie
el-khelfa / le pas
el-qraya / la lecture, les études
el-ktaba / l'écriture
- Sont du genre masculin, les noms désignant un être de ce sexe :
el-jedd / le grand-père
el-bou / lepère
el-hmâr / l'âne
el-khou / le frère
les noms que l'usage a fait de ce genre, notamment les noms de groupements humains et de tribus :
jbala / les jbalas (nom de tribu)
en-nsara / les chrétiens
Mkânsa / habitant de Meknès
el-bacha / le sous-préfet
bidawa / les casablancais
el-khlîfa / l'adjoint au maire
et tous les autres noms ne se terminant pas par un "a" :
el-jawâb / la réponse
es-soûq / le marché
el-qanoûne / la loi
el-chîk / le chèque
el-tenber / le timbre
el-hsâb / le compte
La formation du féminin
Pour former le féminin en darija, c'est très simple, il suffit généralement d'ajouter un "a" à la fin du mot masculin. Les exceptions sont rares.
le chien, la chienne
el-kelb, el-kelba
le grand, la grande
el-kbîr, el-kbîra
le beau, la belle
el-zwîn, el-zwîna
le gros, la grosse
el-ghlîd, el-ghlîda
L'annexion
Lorsqu'un nom en "gouverne" un autre (en français cela correspond au cas du complément de nom), il ne doit pas prendre l'article :
bâb el-bît
la porte de la chambre
moudîr el-madrassa
le directeur de l'école
saroût et-tonobîl
la clé de la voiture
serjem ed-dar
la fenêtre de la maison

On peut cependant traduire la préposition "de" du complément de nom par dyâl ou ntâ' :

 

la porte de la chambre / el-bâb dyâl/ntâ' el-bît

 

le couleur de la porte de la maison / loûne el-bâb dyâl/ntâ' ed-dar

 

la clé de la maison de l'homme / saroût ed-dar dyâl/ntâ' er-rajl

 

Lorsqu'il s'agit d'un mot terminé par a qui en gouverne un autre, on fait sentir le t final du mot (qui est habituellement muet) :

la poule des voisins
djaja-t ej-jirâne
la rue des bijoutiers
zenqa-t ed-dhaybiyya
le billet de train
werqa-t et-trane
Le nombre des noms
Il existe en arabe marocain trois nombres : le singulier, le pluriel et le duel (deux choses). Cette dernière catégorie est beaucoup moins fréquente. Il n'existe aucune règle de formation de pluriel en darija. La pratique de la langue et le recours au glossaire nous renseignent pour chaque nom en usage. Cela dit, nous pouvons tout de même dégager quelques constatations. C'est ainsi que l'on peut distinguer :
Le pluriel externe

Il s'obtient par une simple addition au singulier d'une terminaison. Le corps du mot n'étant pas profondément affecté :

 

Pour le masculin, on rajoute au singulier îne :

mou'ellimîne / enseignants
mou'ellim / enseignant
mouweddafine / fonctionnaires
mouweddaf / fonctionnaire
moussâ'idîne / assistants
moussâ'id / assistant
beyyâ'îne / vendeurs
beyyâ' / vendeur
Lorsque le singulier se termine par la voyelle i, la rencontre de celle-ci avec le îne du pluriel donne lieu à l'apparition d'un y pour empêcher le hiatus.
algérien/s
jazayri + îne = jazayriyîne
tunisien/s
tounsi + îne = tounsiyîne
français
fransawi + îne = fransawiyîne
européen/s
ouroupi + îne = ouroupiyîne
Pour le féminin, on substitue au a final du singulier la terminaison ât :
kheyyatât / couturières
kheyyata / couturière
teflât / filles
tefla / fille
hârissât / surveillantes
hârissa / surveillante
moudîrât / directrices
moudîra / directrice
loughât / langues
lougha / langue
Pour éviter un hiatus entre deux voyelles a, et comme pour le masculin, on fait appel à un y ou à un w. L'usage seul peut rendre compte de cet emploi :
femme/s
mra + ât = mrawât*
lettre/s
bra + ât = brawât
ciel/cieux
sma + ât = smawât
cent/centaines
mya + ât = myawât
*femmes (au pluriel uniquement) se dir aussi nsa
Le pluriel interne

Il s'obtient par une modification notable de la forme du singulier. Ce pluriel est beaucoup plus fréquent que le premier.

 

- Pour le masculin :

bghâl / mulets
bghel / mulet
hmîr / ânes
hmâr / âne
byoût / chambres
bît / chambre
chrâwt / torchons
cherwît / torchon
toujjâr / commerçants, riches
tâjr / commerçant, riche
slâlm / échelles
selloûm / échelle
bibâne / portes
bâb / porte
fissâne / pioches
fâss / pioche
mwâzn / balances
mizâne / balance
firâne / souris
fâr / souris
- Pour le féminin :
bnât / filles
bent / fille
mdârss / écoles
madrassa / école
chkâyr / sacs
chkâra / sac
qnâtr / ponts
qentra / pont
wsâyd / coussins
wsâda / coussin
krârss / carrioles, charrettes
kerroussa / carriole, charrette
flayk / barques
floûka / barque
hfâri / trous
hefra / trou
Le duel
Le duel se forme en ajoutant la terminaison îne (comme pour le pluriel externe masculin) à la forme du singulier. Contrairement aux deux autres nombres, le duel n'est pas très productif, on ne le trouve que dans de très rares cas, comme :
yeddîne / deux mains
yedd / main
sâqine / deux jambes
sâq / jambe
'inîne / deux yeux
'îne / oeil
Les noms indiquant des unités de poids ou de mesure :
retlîne / deux livres
rtel / une livre
wqiytîne / deux onces
ouqiya / une once
mouddîne / deux boisseaux
moudd / un boisseau
drâ'îne / deux coudées
drâ' / une coudée
Les noms indiquant une durée :
yoûmîne / deux jours
yoûm / jour
se'tîne / deux heures
sa'a / heure
chehrîne / deux mois
chher / mois
'âmîne / deux ans
'âm / année
merrtîne / deux fois
merra / fois
Notez que le a final des noms féminins singuliers se transforme en t lorsque ces noms reçoivent la terminaison îne du duel ou lorsqu'ils sont suivis d'un complément de nom ou encore d'un pronom affixe :
la poule des voisins
djaja -> djajt ej-jirâne
ma poule
djaja -> djajt-i
deux fois
merra -> merrt-îne

En dehors des noms que nous venons de voir, le dialectal a recours, pour signifier deux choses, à l'adjectif numéral cardinal "deux" comme en français.

 

Lorsque le nom est précédé de l'article el, il convient d'introduire la préposition d/dyâl/ntâ' (=de) :

 

el-bnât = les filles / joûj d el-bnât (deux de les-filles) = les filles

 

et-trîq = la route / joûj dyâl et-terqâne (deux de les-routes) = deux routes

 

el-boulîss = le policier / joûj ntâ' el-boulîss (deux de les-policiers) = deux policiers