Attention : lorsque le mot devant lequel on doit mettre l'article commence par les lettres d, d, l, n, r, s, s, ch, t, t, z, z, c'est à dire les lettres que l'on prononce avec les dents ou lal angue, on contracte le l de l'article avec la première lettre du mot qui se trouve par la suite redoublée :
el-zîf --> ez-zîf (le foulard)
el-râss --> er-râss (la tête)
el-snâne --> es-snâne (les dents)
el-nâr --> en-nâr (le feu)
Il faut arriver par soi-même à opérer cette assimilation instinctivement. Il s'agit d'ailleurs ici de la loi phonétique du moindre effort qui fait qu'il est autrement plus aisé de prononcer ennâr que elnâr !
Remarque : les articles indéfinis un, une, des, ne s'expriment pas en darija ou se rendent par le mot wâhed (un, adjectif numéral) suivi du nom avec article, ou encore par chi (quelques, des) :
Pour simplifier, chaque fois qu'un article est précédé d'une voyelle, on élimine le "e" de l'article :
'end-i el-floûss devient 'end-i l-floûss (j'ai de l'argent).
Le dialectal marocain connaît deux types de participe : les participes actifs et les participes passifs. Les premiers s'apparentent aux noms d'agents (celui qui "fait" l'action) et peuvent se traduire en françaispar un participe présent. Les seconds s'apparentent aux noms de patients (celui qui "subit" l'action). Ils sont rendus en français par le participe passé. Les uns et les autres se reconnaissent à leur forme : fâ'l pour les premiers (succession de : consonne + â + 2 consonnes), et mef'oûl pour les seconds (succession de : m + e + 2 consonnes + oû + consonne).
La racine verbale trilitère (formée de trois consonnes) donne :
- des participes actifs ayant un "a" après la première consonne
Le participe présent du verbe "être" kayne (étant, existant) reste invariable comme l'expression "il y a" qui lui correspond en français, d'autant plus que le nom qui s'y rapporte est placé après lui.
kayne zenqa twila (étant rue longue)
il y a une longue rue
kayne kameyyou hmer (étant camion rouge)
il y a un camion rouge
kayne ed-dyoûr el-qdâm (étant les-maisons les-vieilles)
il y a de vieilles maisons
Comme adjectif épithète, si le nom est déterminé, il prend l'article au même titre que le nom qu'il qualifie :
el-mdîna el-kbîra (la-ville la-grande)
la grande ville
ech-chejra es-sghîra (l'arbre le-petit)
le petit arbre
es-sâk el-byed (le-sac le-blanc)
le sac blanc
es-sârwal ej-jdadîne (les pantalons les-neufs)
les pantalons neufs
Comme adjectif attribut, il ne prend pas d'article même si le nom auquel il se rapporte en a un (voir la page consacrée aux phrases sans verbe) :
es-sfer s'îb (le-voyage pénible)
le voyage est pénible
el-hmel tqîl (la-charge lourde)
la charge est lourde
el-gemra kâmla (la-lune pleine)
la lune est pleine
Certains adjectifs sont employés comme des noms, comme c'est le cas en français :
L'adjectif indéfini français "quelque" a pour équivalent chi :
bghît chi hâja je veux quelque chose
qrît chi ktoûb j'ai lu quelques livres
Attention : chi a par ailleurs d'autres sens qu'il ne faut pas confondre.
- Il peut être adverbe :
chi settîne d en-nâss (quelque soixante de les-gens)
quelque soixante personnes
- Il peut être une variante du deuxième segment de la négation "ne...pas" :
ma mchaw-chi (ne ils/elles-sont-partis/es pas)
ils/elles ne sont pas partis/es
- Il peut être l'équivalent de "chose" :
chi ghrîb hada (chose étrange ceci)
ceci est une chose étrange
hâd ech-chi mouhimm (cette la-chose importante)
cette chose est importante